Comment nourrir la planète tout en la préservant ?
Les statistiques ne sont guère réjouissantes. En effet, sur 7,2
milliards d’humains en 2014, plus de 800 millions souffrent régulièrement de la
faim. Et nous serons près de 9,5 milliards en 2050.
L’accroissement démographique reste particulièrement élevé en Afrique
subsaharienne où la production vivrière est déjà déficitaire. En revanche, la
situation alimentaire s’est améliorée en Asie et en Amérique latine grâce
notamment à la révolution verte qui a permis de produire plus que nécessaire ;ex
: la Thaïlande devenue le 1er exportateur mondial de riz. La hausse du pouvoir
d’achat induit une consommation accrue de produits animaux (œufs, lait, viande)
or comme 3 à 10 calories végétales sont nécessaires pour produire 1 calorie
animale, il faut prévoir un doublement de la demande mondiale de
produits agricoles d’ici 2050.
Qui pourra répondre à une telle demande ?
Aujourd’hui, la faim n’est pas liée à une insuffisance de disponibilités mais à
une inégalité de revenus qui fait que les surplus alimentaires (céréales, sucre,
oléagineux) échappent aux pauvres et sont écoulés vers des marchés plus
solvables (fabricants d’éthanol par ex).
En outre, les paysans du sud dont la vocation est de nourrir le monde sont les
premières victimes de la faim car sous-équipés, peu soutenus par leurs
gouvernements ils ne peuvent résister à la concurrence des produits alimentaires
importés des pays du Nord et du Sud (Brésil , Argentine...) où prédomine une
agriculture industrielle.
La multiplication des cataclysmes naturels ne sont guère réjouissants.
Typhon sur les Philippines en 2013(6000 morts), inondation et cyclones au Bangla
Desh …ont provoqué l’exode de 22 millions de personnes.
L’agriculture est face à un nouveau défi car c’est le premier secteur à être
touché par les impacts du changement climatique.
Des choix politiques sont à faire
1/ Qui nourrira le monde ? les agricultures familiales ou les
domaines agroindustriels.
Les institutions internationales louent l’importance de l’agriculture familiale
pour la lutte contre la faim et la lutte pour l’environnement mais soutiennent
l’accaparement des terres, la nouvelle modernisation en concertation avec les
industries de la chimie.
2/ Comment produira-t-on la nourriture ?
En septembre 2014, a été lancé à l’ONU le concept « d’agriculture intelligente
capable de s’adapter au dérèglement du climat ». Un accord planétaire est espéré
lors du sommet de Paris fin 2015.
Les objectifs sont ambitieux et louables mais ce concept prône plus de machines
et d’énergie, moins de paysans et un modèle qui ne réduirait pas la faim dans le
monde entretenue par une répartition inégale des ressources.
Ce même septembre, se tenait à la FAO un symposium sur la mise en œuvre de
pratiques agricoles inspirées de l’agroécologie économes en énergie fossile, en
eau et en intrants (engrais…) mais exigeantes en travail pouvant produire une
alimentation saine et abondante sans causer de dégâts environnementaux.
Encore faudrait-il que les Etats du Sud se décident à soutenir leurs
agricultures paysannes par des droits de douane et à primer le principe de
souveraineté alimentaire sur celui de sécurité alimentaire.
Devant l’accroissement des inégalités, de la dégradation de
l’environnement, des effets néfastes de l’agriculture chimique (problèmes de
santé), le CCFD-Terre solidaire a pris conscience de la nécessité d’un
modèle agricole plus respectueux des paysans, des consommateurs et de la nature.
Ainsi, il soutient dans différents pays du sud des partenaires qui ont opté pour
un modèle agricole durable.
C’est le cas en République démocratique du Congo. Une organisation de femmes
paysannes, Uwaki forme 4200 paysannes à des techniques agricoles proches de
l’agroécologie leur permettant de vivre dans la dignité et de venir en aide à
34000 personnes.