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En méditant sur les textes de ce dimanche, le témoignage d’une « aumônière d’hôpital psychiatrique m’a semblé important à partager avec la communauté.
Cette semaine, la Pastorale de la Santé, a organisé une Journée appelée inter-aumônerie sur la fin de Vie et les funérailles à l’hôpital. Je vous propose un des témoignages qui m’a beaucoup touché et qui éclaire les textes de ce dimanche.
Dans un hôpital psychiatrique, arrive une nouvelle « aumônière », elle reçoit l’appel d’un service pour accompagner une de leurs patientes, atteinte de la chorée d’Huntington, maladie qui se reconnaît par des mouvements désordonnés des membres, bras et jambes. Cette patiente, ajoute la surveillante ne parle pas et son état de santé s’est tellement dégradé que la fin de vie est toute proche. C’est en accord avec le médecin du service, que la surveillante demande à rencontrer l’aumônière.
Arrivée dans le service, l’aumônière est accueillie par les infirmières et la surveillante. Après un temps d’échange pour confirmer l’épuisement extrême d’Alexandra, la surveillante avec une infirmière se proposent de l’accompagner auprès d’Alexandra pour faciliter l’approche ; en effet, Alexandra par ses mouvements intempestifs et incontrôlés pourrait surprendre l’aumônière qui ne connaissait pas cette maladie ni les risques lorsque l’on s’approche trop près.
L’aumônière entre dans la chambre et après avoir observée Alexandra, pour mieux « prévoir » les gestes, s’approche d’elle. Elle appelle Alexandra par son prénom : Alexandra se met à s’animer avec vivacité. Puis, l’aumônier se risque à lui demander si elle, Alexandra, accepterait de prier avec elle.
Alexandra, yeux fermés, entrouvre un œil, puis les deux, et par l’expression de son visage semble dire « oui ».
L’aumônière alors, lui propose de se donner la main pour dire ensemble le « Notre Père » : et tout à coup, l’aumônière reçoit dans sa main, celle d’Alexandra. Un moment d’intense émotion pour l’aumônière et les personnes présentes ! Alexandra se détend, bras et jambes se déplient et se reposent.
Puis, l’aumônière, toujours tournée vers Alexandra, commence la prière : « Notre Père », elle s’arrête, regarde Alexandra et entend une voix cassée qui sort du corps frêle et qui répète : « Notre Père ».
A ce moment-là, l’infirmière, qui n’avait jamais entendue la voix d’Alexandra, s’approche très émue. La surveillante, elle aussi bouleversée sort, rassurée.
Puis l’aumônière, continue :
« Qui es aux Cieux », Alexandra répète avec une voix moins cassée, une voix qui va s’éclaircir et devenir plus sûre, plus audible.
Après le Notre Père récité, à deux voix, Alexandra continue de prier détendue et commence le « Je vous salue Marie » que l’aumônière reprend après elle, et l’infirmière s’associe elle aussi à la prière.
Après cette rencontre, inoubliable, pour les uns comme pour les autres, l’aumônière est revenue prier avec Alexandra toutes les semaines : depuis, on ne parle plus de fin de vie !!!
Dans la première lecture, Exode, ch 22, 26, Dieu dit : « s’il crie vers moi, je l’écouterai, car moi, je suis compatissant »
La souffrance d’Alexandra, souffrance due à la solitude induite par sa maladie, a été entendue. Alexandra a pu être rejointe et libérée, elle a pu « crier » et « prier ».
Le psaume 17 (18), dans un verset, redit cette libération de la parole : « Lui m’a dégagé, mis au large, il m’a libéré, car il m’aime. »
L’amour est libérateur !
Alexandra a cassé les liens qui la retenaient prisonnière.
Saint Paul aux Thessaloniciens dit (1,5c-6) : « Et vous, vous avez commencé à nous imiter, nous et le Seigneur, en accueillant la Parole au milieu des épreuves avec la joie de l’Esprit Saint »
Alexandra a accueilli la Parole de Dieu malgré sa maladie et elle s’est ouverte à la joie de l’Esprit Saint.
Dans l’évangile de Matthieu, Jésus répond à ceux qui veulent le rejeter « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton Esprit ». Et plus loin « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Dans le cœur d’Alexandra était présent l’Amour de Dieu, elle ne l’a pas gardé pour elle, elle l’a donné autour d’elle, et elle le donne chaque jour encore aujourd’hui.
A nous, aujourd’hui de transmettre notre foi, grâce à l’Amour de Dieu, qui est présent au milieu des épreuves de la vie.
En vous rappelant ce témoignage, je vous invite à relire les textes de ce jour : vous découvrirez encore beaucoup plus comment Dieu nous est proche et nous accompagne chaque jour.