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Devant ce brouhaha, Monsieur Pinson réfléchit. Avec sa baguette, il tapote sur son pupitre : « Calmez-vous, calmez-vous ! ». Le silence tombe. « Si chacun hurle plus fort que son voisin, cet orchestre est foutu ! Pour mon œuvre nouvelle, j'ai besoin au contraire d'un orchestre parfait. Regardez, lisez donc la musique que j'ai faite pour vous. Elle s'appelle l'hymne à la charité ». Il distribue les partitions. Avec inquiétude, chacun déchiffre la musique et recherche son rôle dans la composition ; ça chuchote ! « Finalement, c'est pas mal, dit la flûte ; ça chante bien même ! Tiens : quand je commence, le triangle me répond ». « -Et regarde ici, on joue la mélodie à l'unisson », dit le trompettiste à la guitare. « -Oh, là là, j'ai une partie difficile : le rythme change tout le temps ! » dit l'harmonica, se retournant vers la grosse caisse. « Heureusement que tu vas me soutenir. C'est bien tu m'aideras. » Sentant le calme revenu dans les esprits, Monsieur Pinson retourne à son pupitre. « Chers amis, le la s'il vous plaît. » Le pianiste donne le ton. Chacun s'accorde sur lui, puis vient un beau silence. Le chef est rassuré. Les mouches elles-mêmes retiennent leur souffle. La baguette s'élève doucement... Et quand elle redescend, de l'orchestre s'envole la merveilleuse harmonie du premier accord de l'hymne à la charité de Monsieur Pinson. |